Les chiffres clés
- L’activité minière a généré 100 000 kilomètres de galeries. Le vide créé est estimé à 2 km³, ce qui correspond au volume de 600 000 piscines olympiques.
- 3 milliards de tonnes de matériaux ont été extraits du sous-sol : 2,3 milliards de tonnes de charbon et 700 millions de tonnes de schistes et de grès (qui constituent les actuels terrils).
Dans la région
Les terrils forment un cortège long de 120 kilomètres qui relie le pays d’Aire au Hainaut, et plus précisément Estrée-Blanche à Condé-sur-l’Escaut. Vous entendrez souvent dire qu’ils sont au nombre de 330, 340, voire même 350, mais dans les faits, la situation est plus compliquée : certains ont été regroupés, d’autres non référencés, et quelques-uns ont disparu. Aujourd’hui, nous estimons qu’ils sont un peu moins de 200.
Les plus anciens datent du xixe siècle et sont plats. Ils occupent souvent d’anciennes zones humides que l’on n’hésitait pas à remblayer ; à l’époque, il n’était pas question de biodiversité. Parmi les plus célèbres, citons le terril de Pinchonvalles, qui apparaît comme un immense paquebot échoué au milieu de la plaine de la Gohelle. Il doit son nom à la richesse ornithologique du vallon qu’il écrase désormais de tout son poids (« Pinchon » vient de « pinson »). Mais rassurez-vous, les oiseaux ont fini par s’adapter, car ils bénéficient aujourd’hui d’un terrain de jeu aux dimensions colossales ; avec ses 1 750 mètres, Pinchonvalles est le plus long terril d’Europe.
Les terrils les plus récents, eux, sont généralement coniques. Ce sont les terrils rêvés, dont la silhouette n’est pas sans rappeler celle des pyramides d’Égypte. Ils distraient notre regard et nous épatent par leur bravoure : comment osent-ils défier le plat pays ? À le voir se cacher dans la forêt (de Saint-Amand), le terril Sabatier ne semble pas vraiment l’assumer, au contraire du terril Sainte-Henriette, à Dourges. Lui, c’est un militant ; il revendique ses traits saillants ! Quand on se situe au coeur du Bassin minier, à la croisée des autoroutes A1 et A21, et à la frontière du Nord et du Pasde- Calais, on se doit d’être irréprochable. Non loin de là, les jumeaux de Loos-en-Gohelle font aussi de l’exemplarité leur cheval(ement*) de bataille. Ils sont parfaitement coniques, ils sont grands (186 mètres d’altitude et un record d’Europe), ils sont forts (plus de 10 000 000 m³ chacun) et ils sont bien équipés. À leur pied, se trouve encore un bassin de décantation qui permettait de valoriser les boues issues du lavage du schiste et du charbon.
Rien ne se perd.
Du côté d’Estevelles, on en sait d’ailleurs quelque chose : le site minier a conservé toutes les infrastructures qui lui ont permis d’atteindre des sommets (le puits*, le carreau*, et même la cité qui assure la jonction avec le centreville). Le terril, lui, est moitié conique, moitié plat. On dit qu’il est tronqué, mais cela ne l’empêche pas d’accueillir la biodiversité. Ses pentes sont colonisées par des plantes (quasi-) menacées (citons le Galéopsis à feuilles étroites), sa roselière est prisée par de nombreux oiseaux, qu’ils soient nicheurs (Bruant des roseaux) ou hivernants (Râle d’eau), et ses prairies fleuries attirent une foule d’insectes, dont le spectaculaire Phanéroptère porte-faux.
Tout se transforme.