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Marais et tourbières alcalines

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© photo : P. Frutier

Les chiffres clés

  • Les Hauts-de-France possèdent 25 000 à 30 000 hectares de tourbières alcalines* (dont 20 000 hectares rien que pour les vallées de la Somme et de ses affluents), soit environ le quart des tourbières de France (et la grande majorité des tourbières alcalines).
  • 4 des 5 stations françaises de Grenouille des champs se situent dans la région. Les sites concernés sont les tourbières de Marchiennes et de Vred (plaine de la Scarpe), le marais de Balançon (côte d’Opale) et le marais de Romaine (Picardie maritime). La dernière localité, elle, est alsacienne.
  • Les Hauts-de-France accueillent moins de 100 couples nicheurs de Blongios nain.

Le dossier complet

Extrait du guide "Nature en Hauts-de-France" :

Dans la région

Par où commencer ? Nous sommes bien embêtés pour faire l’inventaire des marais et des tourbières alcalines*, car la situation est complexe. La situation est complexe et c’est une chance : les sites sont nombreux, variés, et parfois très étendus.

Il y a d’abord les vitrines régionales. À l’intersection de la Flandre maritime, de la Flandre intérieure et des collines de l’Artois, on ne présente plus le Marais audomarois et sa collection de médailles (UNESCO et Ramsar* pour ne citer qu’elles). Dans l’Oise, entre Compiègne et Creil, le marais de Sacy y va aussi de sa tourbe et de ses roseaux. Sa double personnalité fait l’unanimité : la nappe* de la craie alimente le site sur une large moitié nord, la pluie ruisselant sur le sable s’occupe du sud. Les eaux alcalines affrontent les eaux acides, et ça plaît ; Sacy sait satisfaire les exigences contrastées du vivant. Aux confins de la Champagne crayeuse et du Laonnois, la dépression tourbeuse du marais de la Souche se démarque quant à elle par son caractère bien trempée. Sur 3 000 hectares, elle accueille une impressionnante diversité d’habitats : roselières, mégaphorbiaies*, saulaies et aulnaies se relaient pour le plus grand bonheur du Blongios nain et de la Leucorrhine à gros thorax (une libellule). Enfin, il nous est impossible d’ignorer la vallée de la Somme, qui concentre à elle seule la grande majorité des tourbières de la région. En revanche, ne nous demandez pas d’en extraire un site bien précis, car sur plus de 200 kilomètres, elle nous étourdit de ses créations.

Marais et tourbières se situent souvent au voisinage d’un cours d’eau, avec lequel ils partagent le même fond de vallée (mais le rapprochement s’arrête là, sans qu’il n’y ait de relation de cause à effet ; pour créer un marais ou une tourbière, une cuvette où jaillissent quelques sources peut faire l’affaire). Le marais de la Grenouillère est implanté au bord de la Ternoise (dans le Ternois, cela ne s’invente pas), celui d’Arleux le long de la Sensée (au sud de Douai), et la tourbière de Saint-Pierre-es-Champs flirte avec l’Epte, dans le pays de Bray. Il arrive aussi qu’ils s’introduisent au coeur des villes (le marais de Wagnonville à Douai, les marais d’Isle à Saint-Quentin, les célèbres hortillonnages d’Amiens), à moins que cela soit l’inverse. Les Hommes ont en effet vite compris qu’en s’installant sur des marais tourbeux, ils disposaient d’une excellente terre, propice aux cultures légumières (l’ail d’Arleux, le chou-fleur de Saint-Omer !). Enfin, nous pouvons également les retrouver dans une position plus originale, qualifiée d’« arrière-littorale ». On pense évidemment aux marais de Cucq, de Villiers, de Balançon, de Larronville ou de Ponthoile, qui ont profité du retrait de la Manche (c’était il y a quelques siècles) pour investir la plaine fraîchement libérée, en se calant entre la falaise morte* et les cordons dunaires nouvellement formés. Quelle bonne idée n’avaient-ils pas eue là ! Aujourd’hui, sur ces sites, la nature s’en donne à coeur joie.