Les chiffres clés
- Les forêts couvrent 15 % du territoire régional (à l’échelle nationale, le taux de boisement est de 30 %).
- Dans les Hauts-de-France, environ 75 % des forêts sont privées.
- On estime que la surface d’échange (en considérant les feuilles, les stomates*, les racines et les radicelles) d’un arbre de 50 mètres de haut et 20 mètres de diamètre (au niveau du houppier*) atteint 200 000 m², soit 20 hectares. Chez l’Homme, la surface pulmonaire (alvéoles comprises) n’est « que » de 130 m².
Dans la région
Chantilly, Compiègne, Mormal, Crécy, Saint-Gobain… Les noms des grands massifs forestiers résonnent dans les Hauts-de-France. Si certains bénéficient toujours du prestige associé aux anciennes forêts royales, d’autres misent plutôt sur le vide qui les entoure. Par la voix du « chêne des Ramolleux » (600 ans et toutes ses branches), la forêt de Crécy lance un cri d’alerte : ses 4 000 hectares se sentent un peu seuls. Il y a bien le massif d’Hesdin, vingt kilomètres et deux vallées plus loin (celles de l’Authie et de la Canche), mais ses mille hectares ne pèsent pas lourd (sa hêtraie n’en reste pas moins charmante). Les forêts domaniales de Desvres, de Boulogne, de Nieppe ou de Clairmarais sont quant à elles un peu plus imposantes et un peu plus soudées, mais déjà, nous sommes à la frontière du Nord et du Pas-de-Calais. Non, en plein Ponthieu, Crécy est délaissée.
Pour trouver un peu plus de densité forestière, il faut prendre l’est. Toute en humidité, la forêt de Marchiennes introduit le complexe de Raismes - Saint-Amand - Wallers, qui annonce le bijou de Mormal, qui dévoile le quatuor formé par Trélon, Fourmies, Saint-Michel et Hirson ; les poupées russes. Continuer tout droit, c’est changer de camp (dommage, les Ardennes sont douées pour parler forêt). Il reste le sud, donc. Nous n’avons pas le temps de ruminer notre frustration que les bois se font de plus en plus présents ; nous arrivons dans le Laonnois, où nous sommes accueillis par le massif de Saint-Gobain. L’hospitalité, il connaît : on n’y compte plus les circuits de randonnée. Malgré tout, nous décidons de ne pas traîner car il semblerait que le meilleur soit à venir. Et effectivement, en descendant la vallée de l’Oise, nous nous apprêtons à visiter le plus grand continuum forestier au nord de Paris. Sur une centaine de kilomètres, l’arbre est encore roi (et pour cause, il doit sa préservation à l’aristocratie, qui trouvait dans ces forêts de quoi satisfaire la pratique de la chasse à courre) : Ourscamp-Carlepont, Laigue, Compiègne, Halatte, Chantilly, Ermenonville, les massifs se succèdent sans que nous nous en apercevions. Nous passons de hêtraies en chênaies et de chênaies en charmaies, sous les tambourinages du Pic noir et le chant perçant de la Sittelle torchepot. Merveilleux.
L’arrivée sur l’Île-de-France sonne la fin de la récréation. Pourtant, nous n’avons pas envie d’en rester là ; la forêt nous appelle encore. Deux options s’offrent à nous : traverser l’Oise et gagner le Clermontois (il paraît qu’en forêt de Hez-Froidmont, la Nivéole printanière et l’Isopyre faux-pigamon se côtoient), ou s’enfoncer dans le Valois Multien jusqu’à Villers-Cotterêts, la commune où tout le monde rêverait d’habiter. Elle est littéralement lovée au coeur de « la plus belle forêt de France ». C’est en tout cas ce qu’Alexandre Dumas (père) écrivait au sujet du massif de Retz.