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Bocage

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© photo : P. Frutier

Les chiffres clés

  • Les Hauts-de-France comptent 45 000 kilomètres de haies (la circonférence de la Terre est de 40 000 kilomètres…)
  • Les prairies occupent 10 % de la surface régionale.
  • Dans les Hauts-de-France, 23 % des espèces de plantes vasculaires* indigènes sont des Poacées*.
  • La richesse floristique moyenne des prairies de la vallée de la Sambre (Avesnois) est passée de 27 espèces par relevé (en 1961) à 20 espèces par relevé (en 2016). La Grande marguerite, qui était présente dans plus de 30 % des relevés en 1961, ne l’était plus qu’à hauteur de 5 % en 2016.

Le dossier complet

Extrait du guide "Nature en Hauts-de-France" :

Dans la région

Délimiter des zones bocagères est un exercice périlleux, car avant d’être un milieu naturel, le bocage est un paysage. Il est un espace de rencontre avec l’Homme, un espace façonné, un espace vécu. Avec le bocage, la science est poussée dans ses retranchements ; elle se heurte à l’émotion. Toutefois, il existe quelques moyens de contourner cette difficulté, car le bocage, c’est aussi du tangible, du concret. Des haies, d’abord. Elles sont au bocage ce que le sable est à la dune : une raison d’exister. Des prairies, ensuite, bien que les cultures prennent de plus en plus souvent le relais. Des mares, enfin. Pour abreuver les bêtes, c’est quand même plus pratique. Il arrive, c’est vrai, que l’un ou l’autre bois, l’un ou l’autre verger vienne sublimer la puissance poétique de ce tableau.

Dans les Hauts-de-France, le bocage est un peu ballotté. Avec la Thiérache et l’Avesnois, il penche clairement à l’est. Là-bas, les haies sont souveraines : elles s’évadent des grands massifs forestiers jusqu’à être autonomes et former un maillage presque parfait. Le contrepoids est assuré par la boutonnière du Boulonnais. La mare, la haie, la prairie, le verger, tout y est. En outre, le rebond des collines adoucit un paysage qui n’en avait pas vraiment besoin, et les coteaux calcaires cernent l’ensemble comme pour mieux le valoriser. Le bocage s’accommode bien des boutonnières. Leur centre évidé piège l’humidité et leurs rebords (légèrement) pentus contrarient (un peu) le travail des engins. Avec ses herbages frais, ses haies vives et ses innombrables ruisselets, le pays de Bray est là pour le confirmer. Bien installé dans le sud-ouest de la région, il parfait l’équilibre que le Boulonnais et l’alliance Avesnois/Thiérache avaient déjà trouvé.

Sorti de ce triangle vertueux, le bocage végète. Il résiste sur les buttes argileuses du Noyonnais et s’émiette dans le sud de l’Aisne. Dans le Houtland, son état tient plus de la relique que de l’archétype. Les vallées alluviales* de l’Oise, de la Scarpe et de la Lys lui offrent un sursis, et dans le Haut-Artois, le Montreuillois et le Ternois, il imite tant bien que mal son voisin boulonnais. Enfin, on le retrouve un peu dans le Ponthieu, un peu dans le Vimeu, où il s’accroche aux célèbres « villages-bosquets ». Mais un bosquet suffit-il à définir un paysage bocager ?